La cuisine reste pour la plupart d’entre nous, et c’est heureux, un endroit privilégié : n’était-ce pas de tous temps la seule pièce chauffée ? Cette pièce représente aujourd’hui encore la chaleur, la convivialité, l’amour puisque comme nulle part ailleurs on y communique, on se frôle, on se nourrit, bref on vit.
Mais ce n’est pas elle qui va être le sujet de mon article, mais un élément qui s’est rendu « indispensable » pour les femmes modernes : le lave-vaisselle.
Pour moi, il y a actuellement deux catégories de femmes :
Les femmes lave-vaisselle et les femmes lave-linge. Epargnons-nous les réflexions annexes comme « mais on emploie les deux … » qui n’auront pas d’utilité dans l’analyse profonde du psychisme de la femme moderne et de son comportement.
Quand j’ai entendu cette jeune femme dire : « Je ne pourrai pas vivre sans mon lave-vaisselle », j’ai été très attristée sans vraiment que cela ne me surprenne de la part d’une personne dont la vie consiste à brasser du vent et des voyages inutiles.
Le lave-vaisselle invention du siècle ? Non, sûrement pas ! Un gadget qui peut être utile de temps en temps certes, mais n’arrive pas à la cheville de la vraie invention du siècle pour la femme : le lave-linge.
Il eut suffit d’une semaine sans lave-linge mais avec lave-vaisselle à cette jeune femme qui se leurre sur la vraie valeur des choses, pour constater ce qui nous allège le plus notre quotidien et pour classer les choses par ordre d’urgence et d’importance.
J’ai encore ces récits dans ma tête, cette arrière-grand-mère qui, les doigts pleins d’arthrose, m’expliquait que le jour du lavage, le lundi en général, les femmes passaient des heures à frotter le linge dans une eau souvent glacée,à en avoir les mains en sang et déformées très très vite.
Dès les beaux jours, c’était au tour des draps qui après un fastidieux et pénible lavage devaient être transportés et étalés sur les prés pour sécher. Le « transport » dans des paniers très lourds remplis de linge en lin mouillé était très dur pour des corps de femmes et plus d’une y a contracté des maux de dos irréversibles.
Comment peux-t-on être assez inculte et bête pour ne serait-ce qu’oser comparer la nécessité d’une machine à laver le linge à celle d’un lave-vaisselle ?
Au-delà de la technicité même, les femmes qui ne jurent que par leur lave-vaisselle dénotent d’une grande vacuité, obéissent au mot au diktat de personnes qui ne pensent qu’à remplir leurs comptes en banque et non pas à améliorer leur quotidien. Elles sont persuadées qu’elles sont à la pointe de la modernité et délestées, or ce n’est pas cet obscur objet du désir qui les fera devenir moins ignorantes, ni même améliorera leur quotidien, mais au contraire, ces objets soumettent l’être et ne valorisent pas l’imagination, la volonté et la créativité de la femme.
Car faire la vaisselle était le prolongement digne et respectueux d’un bon repas de famille qui se prolongeait souvent par des conversations plus empreintes de confidences et d’intimité autour d’une assiette qu’on essuie, de femme à femme ou de mère à fille, pour ainsi dire. C’était un rite, véritable moment privilégié entre femmes et l’on prenait son temps.
Mais aujourd’hui on n’a plus le temps, plus le temps de se parler, on supprime toutes les occasions, même celles de communiquer en faisant la vaisselle. On nous a fait croire (et on y a réussi) que laver la vaisselle était une contrainte, quelque chose de « mal ». Dois-je rappeler que derrière toute moralisation qui vient de la publicité il y a surtout une raison commerciale et de la monnaie sonnante et trébuchante ?
On s’ébahit devant sa cuisine dernier cri, où tout est parfaitement rangé, aseptisé et froid, et l’on ne voit pas son conjoint et ses enfants malheureux qui aimeraient juste retrouver un peu de chaleur autour de quelques assiettes usagées empilées et d’un plat à gratin à nettoyer (ce qui voudrait surtout dire qu’ils auront eu un repas-maison et pas un plat cuisiné industriel…)
Oui, le lave-vaisselle est le symbole de cette froideur qui s’est installée dans nos cuisines relookées façon « interchangeables », mêmes couleurs, mêmes gadgets, mêmes comportements, vies réglées sans trop de poussière, mais sans vie, sans âme.
Il est loin le temps du poêle où l’on entend crépiter une casserole remplie de mets longuement cuisinés avec amour. Il est loin ce temps-là.
Or nous rendons-nous compte que tout ce qu’on nous a vendu comme étant le dernier cri, l’apogée du modernisme, la libération de la femme, est en réalité une mise en esclavage très sûre et très programmée des réflexes et comportements des femmes ?
Le lave-vaisselle est le réceptacle de votre « quotidien » insupportable qui vous encombre. Celles qui mettent toute leur raison de vivre dans le lave-vaisselle sont aussi celles qui croient qu’en appuyant sur un bouton toutes leurs « impuretés » sont balayées d’un trait. Cela vous donne le sens du relatif … surtout que rien n’est réglé et que tout est à recommencer le lendemain.
Or ces impuretés reviennent quotidiennement, elles sont sans fin, et le lave-vaisselle ne vous donne aucune chance de changer quoi que ce soit à votre compréhension de l’acte que vous commettez, alors que de soigneusement prendre en main une assiette, la tourner dans tous les sens, la passer sous le jet aura généré en vous un tas d’images, de souvenirs « de table », souvenirs affectueux qui participent largement à votre guérison, quelle qu’elle doive être !
Ce geste qui a l’air anodin, même répété tous les jours, vous procure une satisfaction lorsqu’il est fait avec bonne volonté et ressenti comme prolongation à un moment de bien-être.
Le vrai problème est toujours le même : la vaisselle n’était pas un problème pour les femmes tant qu’elles remplissaient leur rôle de femme, de mère et surtout tant que l’homme lui aussi remplissait son rôle de mari et de père.
Ce fameux lave-vaisselle est pour moi le symbole de la déstructuration de cette famille, de ses pôles, là où maintenant la femme rentre épuisée d’un travail qui pour la plupart n’est pas volontaire mais alimentaire, et l’homme se voit pousser le caddy avec ses petits bras mous et blancs, là où le torse bombé et poilu, il abattait deux stères de bois dans la soirée et revenait plein de sueur mais de satisfaction vers sa femme qui préservait le « feu du foyer » ?
Comment voulez-vous qu’il y ait encore de la joie mêmes aux tâches du quotidien, de la ferveur et de la reconnaissance envers la vie elle-même, si nous nous laissons prendre toute sa saveur ?
Mesdames, ne soyez plus des souris dans un laboratoire que l’on guide où l’on veut et vers quoi l’on veut, revenez à l’essentiel, revenez à vous et aux besoins profonds de votre âme : les combler vous rendra heureuses comme aucun matériel, aussi sophistiqué soit-il, ne le pourra jamais.
Je crains aussi qu’outre les « vides » supplémentaires que crééent en nous les nouvelles technicités, il y ait aussi la folie et les handicaps inévitables que génèrent tous ses appareils de communication (smart, tablettes) et autres qui nous rendent « dépendants » de la plus sournoise des façons.
Les services pour addictions et folies, pertes ;du réel, liées à ces appareils se développent dans les centres et hôpitaux psychiatriques.
Ne sanctifiez pas un appareil, il n’a pas d’âme. Si certaines femmes modernes préfèrent leurs appareils à un animal de compagnie (qui lui a une âme), si l’on reste au niveau de sa « machine » on ne touchera jamais le niveau de son animal … Rien à voir ? Oh que si, comprendra qui pourra.
Revenons à plus de simplicité pour jouir davantage et plus longtemps de nos vies, revenons à plus de calme et de lenteur, tous ces appareils sont loin d’êtres silencieux.
D’ailleurs plus les appareils sont sophistiqués (en cuisine) plus ils nous enlèvent notre créativité. Les nouveaux robots ménagers sont impressionnants (de laideur et d’efficacité) mais moi je veux avoir le droit de louper une pâtisserie, cela rend plus grande ma joie de la réussir !
On est ce qu’on aime, on est ce dont on se souvient.
Quel bel article ! Une pensée très émue pour ma grand-mère a surgi, quand tous les lundi matin elle s’épuisait à la lessive, je me souviens d’énormes marmites qui servaient à faire bouillir les draps et comme ça sentait bon quand il étaient étendus dans toute la maison faute d’un plus grand jardin,
Revenir à l’essentiel devrait être effectivement une priorité pour tout le monde…. Je crois que pour beaucoup ce n’est pas gagné…
Oui Valérie, j’ai eu moi-même des tas de récits de vieilles dames qui me racontaient leurs travaux à l’époque dans les fermes et les maisons où rien ne se faisait sans la main de l’Homme et l’aval de Dieu. J’ai encore quelques draps en lins brodés que je garde précieusement en respect pour l’histoire de ceux qui les ont fait, utilisés et entretenus !
Bravo et merci Sol-ange ! Vous êtes formidable, et surtout SI consciente de tout et du Tout !
Continuez à être vous, à ne rien vous laisser imposer, revenir au « simple » devient une urgence à cette époque dramatique, et vous savez très bien ce qui est bon et bien et ce qui ne l’est pas !
Au plaisir de vous revoir ! (et pour l’eau c’est exact aussi, bravo !)
Carine
Bravo pour cet article Carine. J’y adhère entièrement d’autant plus
que moi-même j’ai toujours refuser d’en installer un dans ma cuisine
malgré l’insistance de mon entourage !
C’est vrai que l’on partage facilement des confidences, même avec les invités
qui en profite pour passer des moments juste avec vous sous prétexte
d’essuyer la vaisselle.
Petit plus non négligeable, le fait de baigner ses mains et ses poignets
dans cette eau chaude équivaut à une séance de thalasso !
Belle journée à vous.