Ce qu’on reproche à notre système c’est surtout une incroyable inversion des valeurs, les bourreaux deviennent des victimes et les vraies victimes sont démunies. Il n’y a pas de justice pour les « petites gens », car tout autour d’eux se tend et se tricote en permanence une toile d’araignée faite de faveurs, de secrets, de boulettes etc qui rendent les plus notables que vous invulnérables, je dirai même intouchables.
J’ai revu aujourd’hui, au hasard d’un dîner champêtre, un personnage qui me glace encore vingt cinq ans après les faits. Ce monsieur avait alors eu un comportement pervers et odieux, pour lequel j’aurai pu le faire mettre à l’ombre. Je n’en ai rien fait, car comme d’habitude dans ce genre de situations, je ne veux détruire la vie de ces personnes, qui pourtant ont bien essayé d’atteindre à ma dignité, mon intégrité et je reste polie.
Comme c’est souvent le cas, le dégoût toujours présent était en moi, aucun signe de repentance de sa part, bien au contraire une arrogance sans nom. Il clame à qui veut l’entendre qu’il vient de faire Compostelle, ce qui me fait dire sur le ton humoristique que ça n’est plus non plus ce que c’était … car il en est revenu tout aussi ignorant, arrogant et pervers. Protégé par les élus ses compères, ce monsieur continue à trimbaler sa triste vie et sa silhouette défaite.
J’ ai visiblement tout de même semé le trouble dans sa conscience et son âme, puisqu’il disparut très vite de cette fête, me laissant un goût un peu amer de cette ultime rencontre, mais également la satisfaction de m’être présentée à lui en pleine forme et remplie de projets. Il faut dire que juste avant de déguerpir, il me demanda « mais avant, il y a 25 ans, tu voyais déjà au travers des gens ? » à quoi je lui dis répondis que oui bien sûr !
Il est certain qu’au bout de son chemin il ne trouvera pas (tout de suite) la lumière, ce monsieur.