Pourquoi les peintres, les sculpteurs, les musiciens, les poètes, les cinéastes s’acharnent-ils à reproduire tout ce qui est laid, déformé, chaotique ? Toutes les sources d’inspiration sont épuisées, paraît-il, alors ils sont désœuvrés. Ils ne savent plus s’élever comme le faisaient les artistes d’autrefois, pour chercher l’inspiration en haut, pour saisir, capter des couleurs, des formes, des mélodies qui viennent du Ciel. Alors ils prennent le chemin qui descend, ils s’engagent dans les souterrains, ils plongent dans les profondeurs obscures de la subconscience ; là où grouille une faune d’animaux préhistoriques qui ont disparu de la surface de la terre mais qui subsistent encore dans l’âme humaine sous forme d’instincts, d’impulsions, de désirs, de sentiments inférieurs.
En réalité, si vous êtes un artiste, vous devez entreprendre une œuvre que personne d’autre ne puisse faire, une œuvre si belle, si éducative, qu’elle projette les cœurs et les âmes vers le Seigneur, et qu’en la voyant tous sentent s’éveiller en eux un élan vers la perfection. Voilà comment les Initiés comprennent la mission de l’art : amener les humains vers le Ciel, et non vers l’Enfer, la cacophonie, le désordre.
N’importe qui peut composer, dessiner, filmer des horreurs et les présenter, mais c’est criminel, car à la longue les œuvres d’art agissent sur la mentalité du public. Et si actuellement tant de gens deviennent détraqués, c’est parce que de plus en plus on ne leur montre que le désordre et la laideur. Tout ce que l’on entend, tout ce que l’on voit agit sur le système nerveux. Quand vous contemplez le désordre, ce désordre s’installe en vous ; quand vous contemplez la beauté et l’harmonie, vous devenez beau et harmonieux… c’est une loi naturelle et divine à la fois.
La véritable inspiration, c’est d’abord de nous élever jusqu’à un monde qui nous dépasse, d’être émerveillé devant lui et de refléter ensuite cet émerveillement.
C’est d’après ces méthodes que travaillaient les grands génies du passé : les peintres, les sculpteurs, les musiciens, les poètes, et c’est pourquoi ils ont donné des chefs-d’œuvre à l’humanité.
Avant de se mettre au travail, ils se recueillaient, méditaient, et demandaient la bénédiction du Ciel, car seul le Ciel peut apporter cette lumière qui éclaire l’imagination. Ils recevaient ainsi la révélation de la vraie beauté et la possibilité de l’exprimer et de la transmettre.
Où trouverez-vous des artistes qui vont prier et méditer avant de créer ? Tous sont des génies, ils n’ont pas besoin de l’aide du Ciel, ils n’ont pas besoin d’être inspirés.
C’est la raison pour laquelle leurs œuvres non seulement ne contiennent plus cet élément d’éternité qui donne un tel prix aux œuvres du passé, mais elles reflètent les régions infernales de la subconscience.
Les artistes qui créent ces œuvres contribuent à entraîner l’humanité à sa perte. Et il en est de même des penseurs et des écrivains qui n’ont jamais médité ni vécu d’extases, qui ne se sont jamais élevés jusqu’aux régions célestes pour contempler la structure de l’univers ; ils écrivent des livres qui désagrègent complètement leurs lecteurs en leur inspirant le doute, la révolte, le goût du désordre et de l’anarchie.
Beaucoup d’ouvrages actuellement sont produits par des écrivains qui n’ont jamais fait l’effort de s’élever jusqu’aux régions supérieures de l’esprit. Vous direz : « Mais comment le savez-vous ? » Par les états qu’ils provoquent en nous. Si un écrivain n’arrive pas à éveiller la nature supérieure en nous, c’est la preuve qu’il n’a jamais visité le Ciel.